L'IA va détruire les comptables...
Episode 2 : ce que changent les outils d’automatisation et d’IA, ou pas…
Hey hey,
Deuxième épisode de cette série, consacrée à la relation entre les experts-comptables et les entrepreneurs.
• Le contexte et l’épisode pilote sont à retrouver ici.
• Le premier épisode centré sur la partie accompagnement est dispo ici.
Aujourd’hui on s’intéressera aux outils d’automatisation et à l’IA avec ces 3 parties :
Certains logiciels ont permis de générer des gains de productivité, mais ces gains restent relatifs
L’IA n’est pas encore exploitée par les experts-comptables et peut avoir de quoi leur faire peur
La technologie avance plus vite que l’adoption par certains cabinets, ce qui les handicape et coûte cher aux entrepreneurs accompagnés
Si tu veux apporter ta contribution, une anecdote, ton expérience à cette série il te suffit de répondre à ce mail ou de laisser un commentaire.
1. Certains logiciels ont permis des gains de productivité, mais ces gains restent relatifs
Les outils comptables ont fait des progrès impressionnants ces dernières années. Pennylane, Tiime, ou encore Axonaut : ces logiciels permettent d’automatiser les rapprochements bancaires, de scanner les factures (OCR), ou encore de générer des rapports financiers en quelques clics.
Mais malgré ces avancées, plusieurs abonnés notent que les gains de productivité restent limités pour les entrepreneurs. Pourquoi ? Parce que ces gains ne sont pas toujours réinvestis dans des missions à forte valeur ajoutée, comme le conseil stratégique et financier, ce qui fait écho au 1er épisode de cette série.
Exemple : un abonné travaillant avec un cabinet utilisant Tiime explique que la gestion administrative est plus fluide, mais que les conseils stratégiques manquent toujours. "C'est bien pour récupérer les données, mais ça reste au niveau administratif. J’attends plus d’un expert-comptable."
Autre retour : les logiciels comme Pennylane commencent à proposer des rapports d’analyse basiques, mais, comme me l’a confié Raphaël, expert-comptable : "On est encore loin d’une vraie utilisation de l’IA. Ce qu’on appelle IA, c’est souvent juste de l’OCR ou des règles automatiques pour classer des dépenses." Je partage son avis.
Bref, la question est posée : les outils sont là, mais pourquoi les gains de productivité ne se traduisent-ils pas toujours en bénéfices concrets pour les entrepreneurs ? D’après certains experts-comptables interrogés, ce serait parce-qu’il y a toujours des vérifications de conformité à effectuer. La confiance dans ces outils est donc limitée ? Tiime permet d’ailleurs de mesurer ces gains de productivité avec leur simulateur.
D’après mes analyses, il y a eu des gains de productivité, mais ils ont surtout permis 3 choses :
Faire face en partie aux problèmes de recrutement de la filière
Combler en partie le déficit offre/demande de comptables, ce qui a en effet permis à certains EC de faire plus de conseil
Et à d’autres de simplement rentrer plus de clients, même s’ils sont peu à le reconnaître
2. L’IA n’est pas encore exploitée par les experts-comptables et peut leur faire peur
IA : menace ou alliée ?
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle reste largement sous-utilisée dans les cabinets comptables. Alors qu’elle pourrait permettre d’analyser les données des clients, d’anticiper des opportunités ou même de détecter des erreurs en temps réel, beaucoup de cabinets n’en sont encore qu’au stade des expérimentations.
Comme l’indique Clément Malfroy, Responsable Produit IA chez Pennylane :
"L’expert-comptable de demain sera un professionnel 'augmenté', qui s’appuie sur l’IA comme copilote pour identifier des opportunités et apporter plus de valeur à ses clients."
Mais pour l’instant, peu de cabinets utilisent vraiment l’IA. La plupart se contentent de Chat-GPT au quotidien ou de solutions basiques : reconnaissance de la TVA, OCRisation des factures… Faress, expert-comptable, me confiait même en riant : "Ceux qui pensent encore qu’un logiciel qui reconnaît la TVA est révolutionnaire sont déjà morts ou presque."
Pourquoi cette frilosité ? Selon plusieurs retours, deux explications principales :
La peur de perdre le contrôle. Certains experts-comptables craignent de ne plus maîtriser l’ensemble du processus comptable. Il faut se rappeler qu’on reste sur une profession qui a besoin de structure et d’intellectualiser cette structure. Avec l’IA, on sait ce qui rentre, on sait ce qui sort, mais on ne sait pas ce qui se passe au milieu. Cette partie peut gêner de nombreux esprits cartésiens.
Le manque de formation. L’IA est complexe, et beaucoup ne prennent pas le temps de comprendre son fonctionnement ou ses bénéfices. Ce sont souvent les mêmes qui n’ont pas le temps de conseiller leurs clients…
Pourtant, comme le montre l’exemple de LexisNexis dans le domaine juridique, les bénéfices sont là : des tâches répétitives automatisées, une réduction des coûts, et des collaborateurs libérés pour des missions stratégiques.
Encore une fois, on fait le même constat avec l’IA. Elle va détruire ceux qui ne s’en servent pas, et augmenter ceux qui s’en servent (et savent s’en servir).
3. La technologie avance plus vite que l’adoption par certains cabinets, ce qui les handicape et coûte cher aux entrepreneurs accompagnés
Les technologies comptables évoluent rapidement. Mais tous les cabinets ne suivent pas. Certains utilisent encore des outils dépassés, voire des feuilles Excel pour gérer leurs clients. Résultat ? Des erreurs, des retards, et des coûts inutiles pour les entreprises accompagnées.
📌 Exemple d’un abonné : un entrepreneur raconte que son cabinet, faute d’outils modernes, a envoyé une déclaration de TVA erronée. Résultat : un redressement fiscal et 18 000 € à rembourser, sans compter le stress engendré.
Autre exemple avec les avis de CFE sortis il y a quelques semaines : de nombreux EC se plaignaient sur LinkedIn et ailleurs de devoir encore les sortir manuellement et les envoyer un par un à leurs clients. C’est autant de temps qui est potentiellement facturé in fine à leurs clients ou du temps de conseil en moins (on en revient toujours au même problème). Pourtant, on voit que certains outils comme Superindep les sort automatiquement, et même que des EC y sont arrivés finalement (poke Fabrice Heuvrard).
Un autre problème, relevé par Paul d’Axonaut :
"Les cabinets choisissent souvent des outils qui répondent à leurs propres besoins, sans penser à ceux des entrepreneurs, qui sont pourtant les utilisateurs principaux."
Il n’y a pas un principe qui dit Customer First ? Ah oui mais c’est un principe de ventes et marketing, pas un principe du Plan Comptable Général. Oups.
Cette lenteur dans l’adoption technologique pourrait coûter cher à terme. Comme le dit Maxime, juriste : "Les cabinets qui n’évoluent pas ne sont pas encore morts, mais d’ici 3-4 ans, ils risquent de l’être."
En résumé :
Les outils modernes existent, mais leur potentiel est sous-exploité.
L’IA est encore une révolution en attente dans le monde de l’expertise comptable.
Les cabinets doivent accélérer leur transition digitale, sous peine de frustrer leurs clients (et de se faire dépasser pas des cabinets modernes).
Et toi, quel est ton retour d’expérience avec les outils comptables ? Ton cabinet est-il à jour technologiquement ? Dis-moi tout en commentaire ou par mail. 👇
À bientôt pour le prochain épisode qui promet d’être tendu : comptable en ligne vs comptable physique.
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Basilou